La pandémie de COVID-19 et les restrictions extraordinaires imposées par les gouvernements aux entreprises et aux citoyens pour enrayer sa propagation ont fait (et défait) beaucoup de choses que personne n’avait crues possibles auparavant. Les coûts et les avantages de cette souche de coronavirus et de nos réactions face à celle-ci restent incalculables.
Toutes les nouvelles ne sont pas mauvaises, et il vaut mieux se concentrer sur les bonnes. Une crise peut clarifier certaines choses. Comme le dit si bien l’adage, « C’est dans le besoin que l’on reconnaît ses amis »; les difficultés peuvent donc nous révéler qui sont nos véritables alliés.
Un bon point de départ est une énergie fiable. Le pétrole et le gaz restent les combustibles qui représentent 80 % de nos besoins énergétiques. Les restrictions imposées aux entreprises ont fait baisser la demande de kérosène, d’essence et de GNC pour les transports publics et les véhicules commerciaux. Les prix ont baissé, mais les approvisionnements n’ont jamais faibli. Les consommateurs en confinement chez eux et les entreprises qui essayaient de garder leurs employés et de réduire les coûts avaient le réconfort de savoir qu’ils disposeraient du chauffage, de l’éclairage et de l’Internet au moment où ils en avaient le plus besoin.
Les maisons alimentées au gaz naturel et à l’électricité ont également bénéficié de la confiance que beaucoup ont connue dans d’autres situations d’urgence telles que les tremblements de terre et les ouragans : la fiabilité. C’est peut-être un mot à la mode en des temps meilleurs, mais c’est une nécessité aujourd’hui.
Pourtant, la fiabilité est une condition de base pour une relation transactionnelle. L’amitié est quelque chose de plus, et la crise a révélé que les personnes qui travaillent au sein de nombreuses entreprises qui fournissent de l’énergie fiable se mobilisent pour aider leurs communautés. En voici quelques exemples…
Ce serait bien si le monde entier agissait de la sorte. Toutefois, lorsque la pandémie de COVID-19 et les mesures de confinement édictées par la santé publique ont pris effet dans de nombreux pays, la Russie et l’Arabie saoudite se sont heurtées à des restrictions de production de pétrole; en saturant le marché de pétrole, elles ont poussé les prix si bas qu’ils ont même été négatifs pendant une courte période. Les prix du gaz naturel ont tendance à suivre ceux du pétrole, car les deux combustibles fossiles se retrouvent souvent ensemble géologiquement et sont extraits ensemble. La Chine, dont la croissance était porteuse de croissance future et de ventes de GNL, s’en est prise à d’autres pays pour avoir tenté de la soumettre à des normes éthiques, à une concurrence économique équitable et à la primauté du droit. Et lorsque la COVID-19 s’est répandue, la Chine a peut-être retenu des renseignements qui auraient pu sauver des vies.
La crise mondiale du coronavirus a également démasqué le manque de sincérité des critiques des combustibles fossiles qui prétendaient vouloir aider l’industrie à changer et à sauver l’environnement du changement climatique. Pour de nombreux environnementalistes, les changements climatiques avaient déjà provoqué une crise mondiale, mais les réponses des gouvernements, des entreprises et des citoyens ordinaires à la crise climatique faisaient pâle figure en comparaison avec la réaction à la COVID-19. Si nous pouvons nous serrer les coudes pour la pandémie de coronavirus, pourquoi pas pour l’environnement? Peut-être, selon certains, devrions-nous nous en tenir à cette nouvelle norme – avez-vous remarqué que l’air est plus pur?
La plupart des environnementalistes ne pensent pas de cette façon, tout comme la plupart des responsables de la santé publique ne veulent pas sacrifier les populations vulnérables au pilori de la COVID-19 pour en sauver d’autres. Il y a des compromis quelquefois déboussolants dans chaque situation, mais la plupart d’entre nous y feront face et chercheront des solutions équilibrées. En situation de crise, certains deviennent obsédés et perdent tout sens moral, laissant la réponse à la crise prendre le pas sur toutes les autres considérations.
Jeanne Kirkpatrick, l’ambassadrice de Ronald Reagan aux Nations unies, a dit un jour que c’était là la différence entre les autoritaires et les totalitaires. Les deux sont mauvais, mais les autoritaires veulent la stabilité, généralement avec eux-mêmes fermement établis aux commandes. Les totalitaires veulent un contrôle total de la société pour atteindre un objectif plus important, qu’il s’agisse d’une nouvelle économie politique pour remplacer le capitalisme ou d’une planète retournée à l’état du jardin d’Eden, débarrassée de l’homo sapiens nuisible.
Les totalitaires ne sont pas vos amis.
Pour les Canadiens, les amis les plus importants sont les Américains et la réponse américaine à la pandémie de COVID-19 a soulevé la question de savoir si les Américains sont les amis des Canadiens ou seulement des partenaires commerciaux. Lorsque la société 3M, basée au Minnesota, a alerté les médias que le gouvernement américain faisait pression sur elle pour qu’elle ne remplisse pas les commandes canadiennes et latino-américaines de masques respiratoires et d’équipements de protection individuelle, faisant passer les clients américains en premier, le choc initial a été ressenti dans tout le Canada.
La menace pesant sur 3M a été retirée et la Federal Emergency Management Agency s’est engagée à ne pas imposer de restrictions à l’exportation d’équipements de protection individuelle, d’instruments médicaux ou de médicaments destinés à être utilisés au Canada, inscrivant cet engagement dans un règlement officiel.
Comme l’a dit Winston Churchill, « On peut toujours compter sur les Américains pour faire ce qu’il faut après avoir essayé tout le reste » [traduction]. Les tâtonnements sont nécessaires pour naviguer dans l’inconnu en cas de crise, et il est inévitable que les gens feront des erreurs. La façon dont ils réagissent lorsqu’ils se rendent compte d’une erreur montre ce qu’ils sont réellement.
Dans l’ensemble, l’amitié a caractérisé les réponses des États-Unis et du Canada à la pandémie de COVID-19. Les hôpitaux et les responsables de la santé publique sont en communication constante, partagent des données et apprennent les uns des autres. Les scientifiques des centres américains de contrôle et de prévention des maladies et du National Institute for Health travaillent avec leurs homologues canadiens et comptent des professionnels canadiens parmi leur personnel. Les organismes de sécurité frontalière gèrent une restriction commune du transit frontalier qui permet le passage des biens et du personnel essentiels. Bientôt, les gouverneurs des États et les premiers ministres provinciaux devront collaborer pour lever soigneusement les restrictions imposées à l’économie lorsque la réponse à la pandémie entrera dans une nouvelle phase.
Christopher Sands est directeur de l’Institut du Canada au Woodrow Wilson International Center for Scholars et professeur de recherche principal à la Nitze School of Advanced International Studies de l’Université Johns Hopkins à Washington, D.C.