Le Canada dispose d’un approvisionnement abondant en gaz naturel et l’accent est mis sur son exportation mondiale. Comment le Canada peut-il positionner ses ressources naturelles sur la scène mondiale?
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article sont ceux des auteurs et ne reflètent pas nécessairement la politique ou la position officielle de l’Association canadienne du gaz.

Le Canada demeure une nation avec une abondance de ressources naturelles, le gaz naturel et le pétrole brut figurant parmi nos principaux éléments d’actif. Bien qu’il y ait une volonté mondiale de lutter contre les changements climatiques, notre nation et bon nombre de ses économies régionales dépendent encore largement de ces ressources pour assurer leur prospérité.
Au cours de la récente course à la chefferie du Parti conservateur, une discussion cordiale a eu lieu entre les quatre candidats concernant la valeur du développement du gaz naturel, autant comme moteur économique que comme facteur pouvant contribuer à l’arrêt des émissions de gaz à effet de serre. Erin O’Toole, qui a finalement remporté la course du Parti conservateur, dans ses premiers commentaires comme chef, a insisté sur l’importance de pouvoir compter sur nos ressources naturelles pour assurer la reprise post-pandémie.
Plus particulièrement, en ce qui concerne le gaz naturel, les approvisionnements et la géographie du Canada nous mettent en bonne position pour tirer profit de l’occasion. Ayant travaillé sur une initiative de développement du gaz naturel dans l’Ouest et ayant été récemment informé d’un projet émergent dans l’Est, j’ai pu prendre connaissance de première main du potentiel et des défis. L’Asie et l’Europe sont à la recherche de fournisseurs – les côtes du Canada nous mettent en excellente position pour vendre aux deux continents, tout en fournissant un approvisionnement intérieur fiable.
Au Canada, la réglementation et parfois l’accès à des capitaux pour des projets peuvent poser des défis. Dans certains cas, un travail pour établir des coalitions locales et renseigner le public devra être fait. Bon nombre d’éminents organismes à vocation environnementale remettent en question la thèse selon laquelle le gaz naturel serait un bon outil pour favoriser la réduction des GES.

Les défenseurs de l’industrie doivent continuer de renseigner les politiciens et, plus important encore, le grand public à propos des avantages du gaz naturel. Il est essentiel de reconnaître qu’il existe un terrain d’entente entre l’importance du développement, sans toutefois reléguer les changements climatiques aux oubliettes.
« Le Canada demeure une nation avec une abondance de ressources naturelles ».
Il faudrait envisager d’organiser une campagne d’éducation du public astucieuse et rassembleuse plutôt qu’accusatoire. Elle devrait porter sur les travailleurs de l’industrie, les communautés d’où ils proviennent, les avantages que nous tirerons tous de l’activité économique et le leadership qui est assumé en fait d’intendance environnementale. Plutôt que d’en faire une réflexion après coup, une reconnaissance de plein front du fait que l’avenir de l’industrie repose sur son acceptation des questions environnementales serait préférable.
Le développement du gaz naturel devrait se traduire en occasion pour l’économie canadienne, mais les politiciens ont besoin d’aide pour en établir le bien-fondé et démystifier les critiques qui existent à propos de la ressource. L’industrie pourrait tirer d’importantes leçons sur la façon de faire campagne et d’exposer les faits des ONGE qui font souvent valoir l’argument contraire.
Nous vivons à une époque où l’industrie doit faire davantage preuve de persuasion sur la place publique. Si elle n’est pas en mesure de saisir l’occasion et d’agir, la réussite du développement en sera amoindrie d’entrée de jeu.
Tim Powers est vice-président du conseil d’administration de Summa Strategies Canada ainsi que administrateur délégué d’Abacus Data, toutes deux ayant leur siège social à Ottawa. M. Powers est souvent invité à l’émission Power and Politics du réseau de télévision CBC, ainsi qu’à la chaîne VOCM de Terre-Neuve-et-Labrador, sa province d’origine.

Dans les prochaines semaines, le gouvernement fédéral dévoilera son plan pour la reprise économique post-pandémie. Le premier ministre Trudeau a promis que ce plan ne se limiterait pas à un simple retour au statu quo d’avant la COVID-19, mais qu’il rebâtirait le pays en mieux : un Canada qui est « plus sain et plus sûr, plus vert et plus compétitif ». Cette dernière assertion – plus vert et plus compétitif – est au cœur d’un défi de longue date pour le pays. Les Canadiens ont toujours dû composer avec ce conflit entre la protection environnementale et le développement économique, notamment en raison de la structure unique de notre économie.
Le secteur des ressources naturelles du Canada est au cœur de ce dilemme. Le Canada est le quatrième plus grand producteur et le sixième plus grand exportateur de gaz naturel dans le monde, et l’accent demeure sur le développement de la capacité d’exporter notre abondant approvisionnement en gaz naturel à l’échelle internationale. Notre secteur des ressources naturelles est un élément essentiel de notre économie et ne peut pas être laissé de côté dans les efforts de reprise. Comme pour le reste de l’économie, le but devrait être de bâtir un secteur des ressources naturelles meilleur, plus résilient et plus compétitif. Le moment est venu pour le Canada de passer aux actes.
Le Canada doit saisir l’occasion de bâtir notre capacité d’exporter des sources plus propres et plus efficaces de carburant sur les marchés mondiaux. L’industrie mondiale du gaz naturel se dirige déjà vers les carburants plus efficaces, et le temps est venu pour le Canada d’établir son leadership dans le marché. Le projet LNG Canada est l’exemple parfait. Une fois construite, l’installation de LNG Canada en Colombie-Britannique fera du Canada l’un des plus grands pays exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL) au monde, délogeant des carburants moins efficaces comme le charbon. Le projet LNG Canada est également le plus grand projet d’investissement du secteur privé de l’histoire du Canada. D’autres investissements stratégiques dans les projets de développement du GNL comme LNG Canada renforceront l’avantage concurrentiel du Canada et le positionneront comme un chef de file mondiale dans le développement et l’exportation d’énergie propre.

Ce sera aussi l’occasion d’élargir l’industrie de l’écotechnologie du Canada afin d’accélérer la transition écologique du secteur des ressources naturelles. Les entreprises d’écotechnologie du Canada ne cessent de produire des technologies novatrices pour réduire l’impact de notre secteur des ressources naturelles sur l’environnement. L’utilisation croissante des technologies de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC) pour réduire les émissions des centrales au gaz naturel démontre que les innovations de l’écotechnologie peuvent avoir un important impact positif sur l’industrie et l’environnement, tout en assurant une croissance économique supplémentaire. L’investissement dans l’élargissement de l’écotechnologie et les mesures d’incitation offertes à l’industrie pour adopter et utiliser ces technologies positionneront notre secteur des ressources naturelles pour un avenir plus vert.
Le renforcement de notre secteur des ressources naturelles, la stimulation de la croissance économique et la protection de l’environnement peuvent aller la main dans la main dans la main. Pour ce faire, le Canada doit s’assurer que le cadre pour une reprise économique propre comprend des investissements stratégiques pour accélérer la transition écologique du secteur des ressources naturelles et positionner le secteur pour une réussite mondiale.
Patricia Sibal est consultante chez Crestview Strategy, établi à Ottawa. Elle a travaillé dans le domaine des relations gouvernementales à Toronto et à Ottawa et siège au Conseil d’administration de l’Institut de relations gouvernementales du Canada.

Aujourd’hui, le Canada a une occasion unique de s’engager dans une voie nouvelle et meilleure, vers une relance à la fois économique, environnementale et fondée sur l’équité.
La crise de la la maladie à coronavirus 2019 (COVID19) nous a appris que la science est importante. L’action collective est importante. Prêter attention aux signaux d’alarme et se préparer pour l’avenir est important. Nous nous devons d’appliquer ces leçons à la crise climatique pour aspirer au succès du Canada sur la scène mondiale dans les années et les décennies à venir.
C’est une leçon qui ne sera pas chose facile à certains endroits. Le gouvernement de l’Alberta a récemment réitéré son approche obstinée – un manque de souplesse qui verra le Canada coupé de l’économie mondiale si nous n’abordons pas de façon concrète la crise climatique.
Nous avons vu des approches plus prometteuses. En 2019, le gouvernement de la Colombie-Britannique a dévoilé son plan Clean BC – un plan qui fixe des objectifs, qui comprend la réconciliation et qui aide à la création d’emplois et bénéficie aux communautés locales. Le gouvernement antérieur de l’Alberta a manifesté son intention de lutter contre les changements climatiques en imposant un plafond aux émissions des sables bitumineux, en introduisant une tarification universelle du carbone et en distançant la province de l’électricité produite à partir du charbon en faveur de sources d’énergie renouvelables.
Ces gouvernements ont adopté l’idée selon laquelle nous devons nous pencher sur la question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre dès maintenant si nous souhaitons positionner les entreprises canadiennes pour qu’elles prospèrent dans une économie et développer nos exportations dans un monde qui accorde de plus en plus d’importance à l’environnement.
Les signaux d’alarme contre l’inaction sont partout.
Les investisseurs – allant des grandes caisses de retraite aux particuliers – tiennent compte des changements climatiques lorsqu’ils choisissent comment investir. Le rapport de 2018 de l’Association pour l’investissement responsable soulignait que plus de 50% des actifs canadiens étaient maintenant gérés au moyen de stratégies d’investissement responsable. Vers la fin de juillet, la Deutsche Bank basée à Frankfurt s’est jointe à une liste croissante d’investisseurs européens, de compagnies d’assurance et de banques ne souhaitant plus investir dans les entreprises qui exploitent les sables bitumineux.
Et plus tôt cette année, le fonds souverain de plus de mille milliards de dollars de la Norvège a grandement réduit ses investissements dans les combustibles fossiles, ce qui comprend la cession d’investissements dans plusieurs sociétés pétrolières et gazières canadiennes. L’industrie pétrolière et gazière de la Norvège a également adopté de nouvelles technologies afin que son champ Johan Sverdrup puisse réduire ses émissions de carbone de 9 kg à 0,67 kg par baril.
En novembre, une élection américaine pourrait faire passer le plus grand partenaire commercial du Canada sous une nouvelle administration en 2021. Et l’éventuel prochain président, Joe Biden, a déjà fait part de son intention de faire des États-Unis un chef de file de la lutte contre les changements climatiques.
Cela ne veut pas dire qu’il faut mettre fin aux exportations de GNL du Canada – même un plan climatique pour un scénario en dessous de deux degrés prévoit que des pays pourraient continuer de dépendre du pétrole et du gaz pendant un certain nombre de décennies. Mais le Canada peut commencer à mettre en œuvre des plans dynamiques de réduction du carbone, à adopter de nouvelles technologies et à exporter du gaz naturel à plus faible émission aux clients qui utilisent actuellement les centrales au charbon à fortes émissions.
L’avenir est ici, que nous le reconnaissions ou non. Si les entreprises canadiennes d’exportation d’énergie prospèrent, ce sera parce que les dirigeants d’entreprises et du gouvernement du Canada se sont éveillés à la réalité et ont démontré que nos industries et nos communautés sont vraiment prêtes à faire la transition vers un avenir faible en carbone.
Kathleen Monk est partenaire à Earnscliffe, où les leaders canadiens ont confiance en sa capacité à traiter des enjeux complexes de stratégie publique, à élaborer des stratégies et à réunir divers intervenants pour raconter de véritables histoires de succès. Elle fait régulièrement partie du principal panel de commentateurs politiques The Insiders de l’émission The National de la CBC, et fournit des analyses dans le cadre de l’émission Power and Politics sur CBC News Network.