Que pensez-vous des Canadiens qui risquent de perdre leurs options énergétiques pour leurs maisons et leurs voitures ?

Par Tim Powers

Que pensez-vous du fait que les Canadiens ne puissent plus choisir leur mode de chauffage ? Quels sont les risques liés au fait d’obliger les Canadiens à n’utiliser que l’électricité pour se chauffer, ainsi que pour alimenter leurs voitures, en raison des interdictions proposées pour les moteurs à combustion interne ? Que nous apprend l’histoire à propos de scénarios de ce type ?

Le choix est un élément essentiel de nombreux débats sur les politiques publiques. Qu’il s’agisse du chauffage de votre maison ou des soins médicaux que vous recevez, la plupart des gens souhaitent avoir plus d’une voie à choisir. Bien que cela ne soit pas toujours possible, cela devrait l’être le plus souvent.

Je suis parfois invité à animer une émission de radio à Terre-Neuve-et-Labrador sur la station de radio historique VOCM. L’émission s’appelle « Openline » (ligne ouverte) et remonte à plusieurs décennies. Comme son nom l’indique, les lignes sont ouvertes à toutes sortes de sujets. Un sujet brûlant, comme on dit à la radio, est le coût du chauffage domestique.

Dans ma province, de nombreuses personnes, dont ma propre mère, chauffent leur maison au moyen de chaudières à mazout. Et croyez-moi, chaque fois que le prix du mazout augmente, les lignes s’allument. Des prix plus élevés signifient des coûts plus importants, et cela signifie que les autres options d’achat sont limitées pour les gens. Si vous regardez n’importe quel média ces jours-ci, vous obtiendrez rapidement la confirmation que l’augmentation du coût des biens pénalise les gens.

« Le choix est un élément essentiel de nombreux débats sur les politiques publiques » [traduction].

À Terre-Neuve-et-Labrador, il n’y a toujours pas une multitude d’options pour le chauffage domestique. À l’approche de 2030, le Canada s’efforce d’atteindre des objectifs climatiques et de réduire sa dépendance au pétrole et à d’autres produits de base fortement émetteurs, et les gens s’inquiètent de plus en plus de la manière dont ils chaufferont leur maison. Plus précisément, malgré les défis posés par les fluctuations du prix du pétrole, cette option leur sera-t-elle retirée et, si c’est le cas, quels nouveaux coûts devront être supportés pour que les particuliers soient orientés vers d’autres solutions ?

Le Parti conservateur du Canada mène actuellement une campagne publicitaire très populaire sur le Roc. Pour beaucoup, il s’agit d’un cri de ralliement en faveur de la suppression de la taxe sur le carbone. Bien que les conservateurs ne fassent pas feu de tout bois dans les sondages politiques de la province, cette campagne a un certain impact, tant sur le plan anecdotique que sur le plan pratique. Par exemple, à l’automne, un député libéral de Terre-Neuve-et-Labrador a voté avec les conservateurs sur une motion qu’ils avaient présentée et qui demandait un allègement du prix du carbone pour les Canadiens.

La campagne de la taxe sur le carbone de Terre-Neuve-et-Labrador s’inscrit dans le cadre de la question du choix. Comment ? Elle est liée à la stigmatisation culturelle traditionnelle selon laquelle Terre-Neuve-et-Labrador n’a pas le droit de choisir comment ses ressources seront exploitées et d’obtenir une plus grande part du gâteau des recettes tirées des ressources. Il s’agit également d’une question de clivage entre les modes de vie ruraux et urbains. Dans les zones rurales, vous avez toujours besoin d’essence pour remplir votre véhicule et vous avez moins d’options pour chauffer votre maison.

Le choix des options énergétiques va continuer à faire chauffer les esprits, pardonnez le jeu de mots, dans tout le pays, car les gens ont l’impression que leurs options sont limitées et que cela a un impact sur le coût des choses — ce qui est déjà un sujet brûlant. Suivez ce qui se passe à Terre-Neuve-et-Labrador et vous en verrez les conséquences politiques et pratiques.

Tim Powers, est le président de Summa Strategies Canada et le directeur général d’Abacus Data, dont les deux sièges sociaux sont à Ottawa. M. Powers est souvent invité à l’émission Power and Politics du réseau de télévision CBC, ainsi qu’à la chaîne VOCM de Terre-Neuve-et-Labrador, sa province d’origine.


Par Dan Moulton

Que pensez-vous du fait que les Canadiens ne puissent plus choisir leur mode de chauffage ? Quels sont les risques liés au fait d’obliger les Canadiens à n’utiliser que l’électricité pour se chauffer, ainsi que pour alimenter leurs voitures, en raison des interdictions proposées pour les moteurs à combustion interne ? Que nous apprend l’histoire à propos de scénarios de ce type ?

La proposition selon laquelle les Canadiens perdent le choix du mode de chauffage de leur maison ou sont contraints d’adopter le chauffage électrique est à la fois sans fondement et le plus souvent formulée à l’appui d’objectifs partisans à court terme. Cette proposition n’a de valeur qu’en tant que stratégie visant à accroître les inquiétudes des électeurs canadiens concernant le coût de la vie, dans l’espoir de garantir que les gouvernements restent politiquement méfiants à l’égard des politiques qui facilitent réellement l’abandon progressif du chauffage domestique au gaz naturel.

Les gouvernements du monde entier encouragent l’électrification continue de notre économie et soutiennent l’élimination progressive des sources de chauffage domestique telles que le pétrole et le diesel, qui restent coûteuses, à forte intensité de carbone, et constituent le seul choix pour les communautés rurales et isolées non connectées à des options plus propres et plus abordables, telles que le gaz naturel. Aider financièrement ces propriétaires et ces petites entreprises à adopter des combustibles de transition ou des options électriques est une approche de bon sens pour soutenir à la fois la réduction des émissions de carbone et l’accessibilité globale.

Mais la réalité est que notre économie et notre civilisation sont en train de se décarboniser complètement. Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Ce ne sera même pas rapide. Mais cela se produira. Plus que la politique gouvernementale, c’est le capital d’investissement mondial qui est le moteur de cette transition et qui oblige les entreprises à s’orienter vers des stratégies de carboneutralité pour les décennies à venir. Certes, il existe des politiques gouvernementales de premier plan qui poussent les entreprises dans la même direction — notamment le mandat du gouvernement fédéral en matière de véhicules électriques cité dans la proposition ou les dépenses historiques consacrées aux incitations à la décarbonisation industrielle — mais ces politiques centrées sur l’électeur ne sont que de la poudre aux yeux comparées au vaste mouvement de capitaux vers l’énergie verte, l’électrification et la décarbonisation.

« Le secteur doit se poser la question suivante : comment pouvons-nous nous positionner pour maximiser les profits de cette transition et assurer la viabilité à long terme de notre secteur » [traduction]

Le secteur doit se poser la question suivante : comment pouvons-nous nous positionner pour maximiser les profits de cette transition et assurer la viabilité à long terme de notre secteur. Tirerons-nous les leçons de l’histoire — des fabricants de voitures hippomobiles et des détenteurs de licences de taxi qui ont refusé d’innover ? Ou allons-nous tirer parti d’un moment de changement à notre avantage ? Les changements qu’apporte le parti politique qui gouverne peuvent offrir un sentiment de victoire à court terme lorsque des politiques défavorables sont annulées, mais ils ne feront rien pour assurer la rentabilité à long terme face à l’évolution de l’économie.

Le gaz naturel peut jouer un rôle important et inévitable de carburant-relais dans cette transition, car il est de mieux en mieux adapté aux possibilités que présente ce moment de l’histoire, tout comme l’ensemble des technologies et des combustibles énergétiques canadiens. Les acteurs canadiens du secteur de l’énergie doivent adopter des stratégies commerciales et investir pour se positionner de manière à tirer parti de dépenses publiques sans précédent et à construire des modèles durables pour l’avenir. Le secteur de l’énergie est, après tout, un secteur qui réfléchit en décennies et non en trimestres. Les stratégies qui tiennent compte de cette réalité servent donc mieux les intérêts de la croissance à long terme que le confort politique à court terme.

Dan Moulton est vice-président de Crestview Strategy à Toronto. Il est spécialisé dans l’élaboration de stratégies qui gagnent l’opinion publique et permettent de remporter des victoires politiques. Dan dirige les plus grandes entreprises du Canada pendant les périodes de changement, de turbulences et de risques de réputation. Basé au bureau de Toronto, la pratique de Dan se concentre sur les entreprises centrées sur le consommateur, la technologie perturbatrice et l’énergie.


Par Kathleen Monk

Que pensez-vous du fait que les Canadiens ne puissent plus choisir leur mode de chauffage ? Quels sont les risques liés au fait d’obliger les Canadiens à n’utiliser que l’électricité pour se chauffer, ainsi que pour alimenter leurs voitures, en raison des interdictions proposées pour les moteurs à combustion interne ? Que nous apprend l’histoire à propos de scénarios de ce type ?

Si vous discutez avec des gens ordinaires dans la rue ces jours-ci, vous avez beaucoup plus de chances d’entendre parler des prix élevés qu’ils paient pour l’énergie, la nourriture et d’autres produits de première nécessité que de l’avenir des moteurs à combustion interne. Les responsables politiques sont donc bien en peine de savoir ce qu’ils peuvent faire pour les aider, alors que les taux d’intérêt élevés font grimper les remboursements de prêts hypothécaires et que les salaires continuent d’accuser un retard par rapport à l’inflation.

Bien entendu, les gouvernements doivent trouver un équilibre entre de multiples priorités politiques. Le Canada ne peut pas faire l’autruche, la tête dans le sable, lorsqu’il s’agit de relever le défi urgent de la lutte contre les changements climatiques. Nous ne pouvons pas non plus ignorer le besoin pressant de répondre aux nouveaux investissements massifs réalisés aux États-Unis, et dans tant d’autres pays, dans les nouvelles technologies propres.

Nos gouvernements doivent positionner l’économie canadienne de manière à ce qu’elle réussisse dans la transformation mondiale à venir. Mais il ne s’agit pas de supprimer des choix. Il s’agit de s’assurer que les consommateurs canadiens ont des choix durables et que les travailleurs canadiens ont de bons emplois qui leur permettent de subvenir aux besoins de leur famille dans l’économie mondiale propre qui s’annonce. C’est ce que nous observons aux États-Unis avec des politiques qui réduisent les émissions et les coûts tout en créant de bons emplois syndiqués. Et c’est ainsi que nous pouvons atteindre l’objectif des politiques publiques ici au Canada pour rendre la vie plus abordable, lutter contre les changements climatiques et bâtir une économie durable.

Partout au Canada, les gouvernements se tournent vers des politiques visant à inciter les consommateurs à opter pour des modes de chauffage et de transport moins polluants. Bien que certaines communautés aient connu des interdictions très médiatisées, les gouvernements se sont généralement tenus à l’écart des interdictions.

En fin de compte, la meilleure façon de changer les comportements est d’inciter les gens à faire de meilleurs choix, à la fois pour eux-mêmes et pour notre pays. Cela commence par l’accessibilité financière. Si des mesures d’incitation sont en place pour passer à des véhicules sans émissions, nous les prendrons. Au lieu de mesures temporaires visant à réduire les taxes sur l’essence — comme nous l’avons vu en Alberta et en Ontario — nous avons besoin de solutions à long terme qui allègent les coûts élevés auxquels les gens doivent faire face pour se rendre au travail.

Le passage aux véhicules électriques (VE) se fait plus rapidement dans les régions où le climat, les stations de recharge et le coût du carburant ont rendu cette transition plus rentable. Même en Ontario, nous constatons que de nouveaux investissements sont consacrés au passage de l’industrie automobile à des véhicules sans émissions et à la technologie de chargement des batteries, des actions nécessaires si nous voulons être compétitifs face aux changements accélérés de l’industrie automobile américaine voisine.

« Le passage à l’électrification doit être soigneusement planifié. … [D]ans de nombreuses zones rurales et isolées, notre réseau électrique repose encore sur des combustibles. Ainsi, la transition pour le chauffage domestique et les véhicules nécessitera … des solutions politiques différentes »

Le passage à l’électrification doit être soigneusement planifié. Nous savons que dans de nombreuses zones rurales et isolées, notre réseau électrique repose encore sur des combustibles. Ainsi, la transition pour le chauffage domestique et les véhicules nécessitera, bien entendu, des solutions politiques différentes.

Mais l’inaction n’est pas une option. L’histoire nous a appris à maintes reprises que les pays qui n’agissent pas face à l’évolution rapide des technologies mettent en péril la prospérité future des travailleurs, des familles et des entreprises. Le Canada doit s’engager dans cette transition et se préparer à répondre à la demande croissante des consommateurs pour des produits sans émissions, sous peine de voir son économie prendre du retard dans la transition mondiale vers une économie à faibles émissions de carbone.

Kathleen Monk est propriétaire principale de Monk + Associates, une société indépendante d’affaires publiques. Elle apparaît régulièrement à l’émission Power and Politics du réseau CBC News et siège au conseil d’administration de CIVIX, un organisme de bienfaisance non partisan qui se consacre à la formation de citoyens engagés.