Un jour seulement après être officiellement entrée en fonction à titre de principale représentante diplomatique de l’Ukraine au Canada en juin 2022, l’ambassadrice Yuliya Kovaliv a participé au Global Energy Show de Calgary, exhortant les entreprises énergétiques canadiennes à considérer son pays comme une mecque de l’investissement dans les secteurs du pétrole, du gaz et des énergies renouvelables.

Dix-huit mois plus tard, il est clair que le tissage de liens avec l’industrie énergétique canadienne reste une priorité absolue pour Mme Kovaliv, qui s’est récemment entretenue avec Timothy Egan, président-directeur général de l’Association canadienne du gaz, à propos des rôles potentiels que les entreprises canadiennes peuvent jouer pour aider l’Ukraine à faire progresser son secteur de l’énergie.

Malgré près de deux années de guerre découlant de l’invasion russe en Ukraine en février 2022, Mme Kovaliv continue d’exhorter les entreprises énergétiques et les fournisseurs d’équipements d’infrastructure canadiens à commencer à nouer des partenariats dès maintenant afin de bien se positionner pour saisir les occasions à venir.

Mme Kovaliv a fait l’éloge du soutien apporté par le Canada, tant de la part des secteurs public que privé, à la reconstruction des réseaux électriques endommagés par les attaques de missiles au cours de l’hiver dernier, attaques qui faisaient partie d’une stratégie visant à démoraliser les Ukrainiens en les privant de chauffage, d’éclairage et de connectivité par téléphone mobile.

« Je tiens à exprimer notre profonde gratitude à l’égard des nombreuses entreprises canadiennes qui se sont manifestées et qui ont fourni l’équipement aux entreprises ukrainiennes d’infrastructure dans le secteur de l’énergie, a déclaré Mme Kovaliv. Les actions rapides et décisives des gouvernements et de l’industrie nous ont permis d’accélérer les réparations des infrastructures d’une manière qui n’est rien de moins que miraculeuse. » [Traduction]

Pour l’avenir, l’Ukraine entend assurer sa sécurité énergétique afin d’empêcher ses futurs adversaires d’utiliser l’énergie comme une arme. Tout en rejoignant les autres pays développés dans la poursuite des objectifs de réduction des émissions et de développement des énergies renouvelables, l’Ukraine doit aussi augmenter sa production et son utilisation du gaz naturel domestique si elle veut parvenir à l’indépendance énergétique – un objectif de longue date de sa politique nationale de l’énergie.

Les ambitions énergétiques de l’Ukraine dépassent largement ses frontières. Avec l’un des réseaux de transmission et de distribution de gaz les mieux conçus au monde et en mesure de fournir 180 milliards de mètres cubes (m3) de gaz par an au marché européen, la deuxième réserve de gaz prouvée d’Europe après la Norvège, et 33 milliards de m3 de capacité de stockage souterrain, l’Ukraine est bien positionnée pour devenir une plaque tournante de l’énergie en Europe, a affirmé Mme Kovaliv.

« Nous avons toutes les infrastructures déjà en place, et nous avons des entreprises qui sont impatientes de trouver des partenaires qui peuvent nous aider à développer notre énorme potentiel, a noté Mme Kovaliv. Mon message est qu’il s’agit donc du bon moment pour les entreprises canadiennes de s’intéresser au marché ukrainien de l’énergie. » [Traduction]

Le gaz naturel continuera à jouer un rôle de premier plan dans le bouquet énergétique de l’Ukraine pour les décennies à venir, car il constitue une source abondante et fiable de combustible pour la production d’électricité, alors même que notre pays et ses alliés européens multiplient les projets d’énergie renouvelable. Étant donné que l’Ukraine est l’un des cinq premiers exportateurs mondiaux de céréales et que la croissance de la population mondiale nécessitera une production accrue de produits alimentaires, la demande de gaz naturel pour la production d’engrais suivra la même tendance, soutient Mme Kovaliv.

Elle souligne que l’Ukraine est à la recherche de partenaires qui peuvent non seulement transmettre leur savoir-faire et fournir la technologie en matière de forage pour développer les ressources de son pays, mais qui peuvent aussi lui faire profiter de leur expertise dans le domaine du captage, de l’utilisation et de stockage du carbone (CUSC), tout en proposant d’autres technologies nécessaires à la décarbonisation du secteur du gaz naturel.

« Nous voulons que l’industrie pétrolière et gazière ukrainienne réponde aux meilleures normes mondiales en matière de réduction des émissions, a déclaré Mme Kovaliv. C’est donc le meilleur moment pour les entreprises canadiennes de commencer à explorer des partenariats de coopération. » [Traduction]

Pour l’Ukraine, parvenir à la sécurité et à l’indépendance énergétiques pose un défi à multiples facettes qui nécessitera de s’appuyer davantage sur son potentiel nucléaire, de développer à la fois les énergies renouvelables et les réserves nationales de gaz naturel, et d’améliorer l’efficacité énergétique dans l’ensemble de l’économie.

L’Europe, elle aussi, peut renforcer sa sécurité énergétique en utilisant le gaz naturel ukrainien pour diversifier ses sources d’approvisionnement, a ajouté Mme Kovaliv. L’Union européenne (UE) a découvert les douloureux inconvénients d’une dépendance excessive à l’égard d’une seule source d’énergie lorsqu’elle est devenue la cible de la stratégie de guerre hybride de la Russie, qui s’appuie sur son rôle de principal fournisseur de gaz à l’Europe pour tenter d’affaiblir le soutien de ses alliés à l’Ukraine.

Toutefois, cette stratégie, qui consistait à créer des pénuries de gaz naturel et des prix élevés de l’énergie en Europe, a échoué lamentablement, suscitant des efforts sans précédent pour remplacer le gaz russe par du gaz naturel provenant d’autres sources.

Selon Mme Kovaliv, au lieu d’affaiblir la détermination de ses alliés, la Russie a subi une défaite stratégique majeure en perdant l’Europe en tant que marché important pour ses exportations de pétrole et de gaz naturel. Mme Kovaliv attribue la réussite de l’Europe dans sa résistance aux tentatives de chantage énergétique de la Russie à la construction rapide d’installations de regazéification et de stockage du GNL au sein de l’UE et aux efforts redoublés pour développer les énergies renouvelables.

Près de deux ans après le début de la guerre, les négociants en gaz européens continuent de stocker du gaz naturel en Ukraine, et notre pays a continué d’acheminer du gaz vers l’Europe sans interruption majeure depuis le début des hostilités. Mme Kovaliv souligne ces deux faits comme des signaux importants que « le marché de l’énergie a fait preuve d’une résilience remarquable pendant la guerre et que l’Ukraine continue d’être un partenaire important de l’UE dans le secteur de l’énergie » [traduction].

L’Ukraine a cessé d’importer du gaz naturel russe en 2015 à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie. Peu après, le pays s’est pleinement intégré aux marchés du gaz et de l’électricité de l’UE, y compris en alignant sa réglementation interne sur les normes de l’UE.

L’invasion de 2022 a renforcé les leçons que l’Ukraine avait déjà tirées, mais Mme Kovaliv a déclaré que celles-ci devrait servir à rappeler à l’ensemble de la communauté des nations le besoin critique de diversité dans les approvisionnements en énergie afin de se prémunir contre la militarisation de l’énergie en tant qu’outil d’influence géopolitique.

Mme Kovaliv a souligné le désir de l’Ukraine de travailler plus étroitement avec le Canada et le secteur canadien du gaz naturel : « Je tiens à remercier le gouvernement canadien, les entreprises canadiennes et les citoyens canadiens pour leur soutien sans faille à l’Ukraine. Le Canada a été le premier à interdire le pétrole et le gaz russes, envoyant ainsi un signal clair aux autres partenaires sur l’importance de lutter contre les tentatives russes de militarisation de l’énergie, a déclaré Mme Kovaliv. Nous pouvons tous tirer des leçons de ce triste chapitre et nous appuyer sur des politiques qui favorisent la sécurité et l’indépendance énergétiques, en comprenant que nous ne pouvons pas permettre que cela se reproduise dans le monde, peu importe l’endroit, à l’avenir. » [Traduction]