1. Merci de prendre le temps de nous rencontrer aujourd’hui. Tout d’abord, nous souhaitons vous féliciter pour votre nouveau rôle de présidente du conseil d’administration de l’Association canadienne du gaz. Il s’agit d’une nouvelle étape de votre importante carrière dans le secteur. Qu’est-ce qui vous a attiré à l’origine dans l’industrie énergétique?

J’ai grandi dans le nord de l’Alberta et mon père travaillait dans les services pétroliers. En fait, mon premier emploi a été de travailler pour mon père. Cela fait donc longtemps que j’évolue dans le secteur de l’énergie.

2. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent accéder au secteur de l’énergie aujourd’hui?

Nous en sommes à une période passionnante et dynamique de l’industrie énergétique. Une carrière dans le secteur de l’énergie est l’occasion de faire une réelle différence dans la qualité de vie des gens — l’énergie permet de chauffer les maisons, de transporter les marchandises et favorise la croissance économique.

« Une carrière dans le secteur de l’énergie est l’occasion de faire une réelle différence dans la qualité de vie des gens… »

Le gaz naturel offre à des millions de Canadiens le choix énergétique le plus abordable et le plus fiable qui soit à l’heure actuelle. Nous travaillons d’arrache-pied pour intégrer les systèmes énergétiques et rendre nos réseaux plus écologiques, en vue d’un avenir à plus faible teneur en carbone. Compte tenu de leur taille et de leur portée, les services publics de gaz sont particulièrement bien placés pour mener la transition. Par exemple, à l’heure actuelle, chez Enbridge Gas, nous avons de nombreux programmes de carburants à faible teneur en carbone, comme l’hydrogène et le gaz naturel renouvelable, des technologies de chauffage alternatives, comme l’énergie géothermique et l’énergie solaire, et des programmes de conservation qui réduisent les émissions dans les bâtiments et les secteurs industriels.

Pour les jeunes qui s’intéressent aux réponses concrètes à nos défis les plus pressants, comme l’équilibre entre le besoin d’une énergie abordable pour alimenter la croissance économique et la lutte contre le changement climatique, l’industrie énergétique est l’endroit idéal vers lequel se tourner.

« Pour les jeunes qui s’intéressent aux réponses concrètes à nos défis les plus pressants, comme l’équilibre entre le besoin d’une énergie abordable pour alimenter la croissance économique et la lutte contre ».

3. Enbridge Gas a travaillé en étroite collaboration avec la province de l’Ontario pour étendre le réseau de gaz naturel dans les communautés rurales et les petites communautés. À une époque où de nombreuses municipalités parlent d’interdire le gaz, quel type d’intervention avez-vous reçu de ces communautés et comment voyez-vous cette expansion profiter à ces municipalités?

L’accès à des ressources en gaz naturel fiables et abordables est essentiel pour les collectivités rurales et du Nord de l’Ontario. Le gaz naturel réduit les factures d’énergie des familles, crée de nouvelles possibilités pour les Ontariens et aide les entreprises à devenir plus compétitives, à croître et à créer des emplois. Le gaz naturel a également une empreinte carbone plus faible que les solutions de rechange comme le bois, le mazout et le propane.

Grâce à la première phase du Programme pour l’expansion de l’accès au gaz naturel du gouvernement de l’Ontario, Enbridge Gas a mené à bien sept nouveaux projets d’expansion communautaire. La réaction dans ces collectivités a été incroyable, et nous sommes sur la bonne voie pour atteindre notre objectif de fidélisation des clients au cours de la période de prévision de 10 ans.

L’intérêt démontré envers la deuxième phase du programme a été manifeste, et le gouvernement de l’Ontario a récemment annoncé un financement de 234 millions de dollars pour soutenir le raccordement au gaz dans 43 communautés rurales, nordiques et autochtones, dans le cadre de 28 projets. Nous prévoyons commencer les travaux de construction cette année, et tous les projets devraient être en cours d’ici la fin de 2025. Nous sommes impatients de collaborer avec la province et les municipalités locales pour continuer à apporter le gaz naturel à un plus grand nombre de foyers et d’entreprises de l’Ontario.

4. Enbridge a fait activement progresser ses travaux liés au développement du gaz naturel renouvelable (GNR) et de l’hydrogène. Quel rôle voyez-vous jouer ces combustibles gazeux à court et à long terme?

Les trois plus grands contributeurs aux émissions de GES sont le transport, le chauffage des bâtiments et l’industrie. Collectivement, ils représentent plus de 80 % des émissions totales1. L’hydrogène et le GNR peuvent être un moyen rentable de décarboniser ces secteurs aujourd’hui, et nous augmentons la production et l’injection au fil du temps.

Transport

Le transport génère la plus grande quantité d’émissions de GES en Ontario. L’électrification des véhicules légers à passagers jouera un rôle essentiel dans la décarbonisation du secteur des transports. L’électrification du transport lourd, cependant, est prohibitive à l’heure actuelle en raison de la taille des batteries et des exigences de recharge. Ce secteur peut être décarbonisé de façon rentable dès aujourd’hui grâce au gaz naturel comprimé, qui permet de réduire les GES de 20 % et de réaliser des économies de carburant de 40 % par rapport à l’essence ou au diesel. En utilisant du gaz naturel renouvelable, vous pouvez atteindre des émissions nulles, une solution que de nombreuses municipalités ontariennes utilisent aujourd’hui, notamment Toronto et Hamilton. À plus long terme, les véhicules électriques à piles à hydrogène constituent une autre option pour les véhicules à émissions nulles.

Chauffage des bâtiments

La deuxième source d’émissions de GES en Ontario est le chauffage des bâtiments. Aujourd’hui, environ 75 % des foyers ontariens sont chauffés au moyen du gaz naturel. Pour remplacer cela par de l’électricité, il faudrait augmenter de 200 à 300 % notre réseau électrique actuel, ce qui prendrait du temps à mettre en place et représenterait un coût important.

L’augmentation de la production d’hydrogène et de GNR est un moyen efficace de décarboniser le chauffage des bâtiments à un coût inférieur à celui de l’électricité2, tout en préservant la résilience du système énergétique.

« L’augmentation de la production d’hydrogène et de GNR est un moyen efficace de décarboniser le chauffage des bâtiments à un coût inférieur à celui de l’électricité, tout en préservant la résilience du système énergétique ».

Enbridge fait progresser le GNR et l’hydrogène sur plusieurs fronts. Grâce à notre programme volontaire de GNR, OptUp, les clients peuvent choisir de soutenir la transition vers une énergie à faible teneur en carbone par une petite contribution mensuelle pour aider à compenser les coûts accrus d’acquisition de gaz naturel renouvelable neutre en carbone. À Markham, nous pilotons le mélange d’hydrogène à notre installation Power-to-Gas, qui est capable de produire 1 000 kilogrammes par jour, soit suffisamment d’énergie pour alimenter 100 voitures à piles à combustible parcourant 1 000 km par jour. Le succès de ces programmes aidera Enbridge à poursuivre des activités de mélange d’hydrogène supplémentaires et à plus grande échelle, permettant ainsi au Canada de réduire davantage son empreinte carbone déjà faible à grande échelle.

À plus long terme, comme les coûts de l’hydrogène et du GNR continuent de baisser grâce à l’innovation et au déploiement, nous continuerons à augmenter le pourcentage de GNR et d’H2 dans l’approvisionnement en gaz. Nous poursuivrons également nos programmes de conservation agressifs et l’adoption d’autres technologies à faible teneur en carbone telles que l’énergie géothermique, l’énergie solaire photovoltaïque, les pompes à chaleur au gaz naturel et les systèmes de chauffage hybrides, offrant ainsi de multiples voies pour atteindre la carboneutralité des émissions provenant du chauffage des bâtiments.

L’industrie

L’industrie est le troisième plus grand contributeur d’émissions de GES en Ontario. L’hydrogène est une solution efficace pour les activités à forte intensité énergétique, comme la production d’acier et de béton.

Le Canada commence à accélérer sa capacité d’utiliser l’hydrogène. À court terme, Enbridge et d’autres entreprises mènent à bien des projets pilotes et le développement d’infrastructures qui nous permettront d’exploiter cette ressource à son plein potentiel d’ici 2050.

Le captage et le stockage du carbone (CSC) est également une technologie éprouvée, disponible dès maintenant, qui s’avère prometteuse pour la réduction des GES pour les industries difficiles à décarboniser. Le Canada, qui a entrepris des projets de longue date dans l’Ouest canadien, est un chef de file mondial en matière de CSC. Ici, en Ontario, la géologie du sud-ouest de la province se prête au stockage du carbone, et Enbridge a une longue histoire de stockage souterrain sécuritaire et fiable du gaz naturel.

5. Le discours sur la politique publique des élus n’est souvent pas favorable au gaz naturel en ce moment, le Programme pour l’expansion de l’accès au gaz naturel en Ontario étant une exception. Mais comme le montre clairement ce programme, les clients apprécient beaucoup tout ce que nous offrons — prix abordable, fiabilité et performance environnementale. Comment pensez-vous que l’industrie peut mieux transmettre la réalité de l’acceptation des clients à nos décideurs politiques?

Nous devons raconter notre histoire et apporter une perspective unique à la discussion sur la transition énergétique.

En fin de compte, nos systèmes énergétiques sont interdépendants et une voie intégrée offre un moyen plus réaliste3, moins coûteux et moins risqué de réduire les émissions. L’électrification seule ne suffit pas pour y parvenir.

Aujourd’hui, le gaz naturel représente environ 30 % de l’énergie utilisée en Ontario, et presque trois fois et demie plus d’énergie de pointe que l’électricité. Remplacer cette énergie par l’électricité, tout en assurant la redondance et la fiabilité requises pendant la charge de pointe, sera extrêmement difficile. En outre, l’électricité ne peut pas être stockée à grande échelle, ce qui nécessite une sauvegarde sur demande, à la fois maintenant et au fur et à mesure que l’énergie renouvelable se développe, et elle ne convient pas à de nombreuses applications industrielles à forte consommation d’énergie.

Enbridge a activement pris contact avec les décideurs, les municipalités, les organismes de réglementation et d’autres intervenants pour démontrer comment les systèmes énergétiques doivent fonctionner ensemble pour assurer la transition vers un avenir à faible émission de carbone. Et nous partageons de l’information sur la façon dont nous soutenons la transition grâce à des solutions énergétiques innovantes et à la collaboration avec les gouvernements et les partenaires qui réduisent les impacts environnementaux tout en maintenant une énergie abordable et fiable.

« Enbridge a activement pris contact avec les décideurs, les municipalités, les organismes de réglementation et d’autres intervenants pour démontrer comment les systèmes énergétiques doivent fonctionner ensemble pour assurer la transition vers un avenir à faible émission de carbone ».

6. L’ACG a récemment remporté l’appel d’offres pour accueillir la conférence mondiale sur l’innovation dans le domaine du gaz, connue sous le nom de conférence sur la recherche gazière de l’UIG2024 (IGRC2024), qui se tiendra à Banff, en Alberta, en mai 2024. À l’échelle mondiale, l’utilisation du gaz naturel croît à un rythme remarquable et nombreux sont ceux qui, dans le monde, veulent avoir accès au gaz canadien et à notre expertise en matière de gestion. Selon vous, que devrait faire l’industrie canadienne pour faire de cet événement un moment particulièrement précieux?

Je me réjouis à l’idée que le Canada puisse faire valoir au monde entier tous les excellents programmes et initiatives que nous avons mis sur pied pour favoriser des solutions à faible émission de carbone. L’événement sera un succès grâce au dialogue que nous susciterons avec les décideurs clés. Travailler ensemble est essentiel pour atteindre l’objectif mondial de carboneutralité d’ici 2050.

  1. Net Zero 2050 (juin 2021), en ligne : Association de l’énergie de l’Ontario <energyontario.ca/Files/PDF%20files%20to%20share/OEA_Net_Zero_2050.pdf>.
  2. Le GNR coûte 24 $/GJ, soit l’équivalent de 0,09 $/kWh. L’hydrogène bleu coûte 11,23 $/GJ, soit l’équivalent de 0,040 $/kWh; l’hydrogène vert coûte environ 44 $/GJ, soit l’équivalent de 0,16 $/kWh.
  3. Les politiques de réduction des GES qui favorisent entièrement l’électricité par rapport aux approches multi-réseaux sont beaucoup plus coûteuses (289 $/tCO2 pour l’électricité seule contre 129 $/tCO2 pour les réseaux intégrés).