Le nouvel ambassadeur de la Pologne au Canada, Witold Dzielski, s’est entretenu avec l’Association canadienne du gaz pour discuter des besoins énergétiques de l’Europe et de la façon dont le secteur énergétique canadien peut soutenir la sécurité énergétique mondiale. L’entretien a été remanié pour plus de clarté et de concision.

Association canadienne du gaz (ACG) : Merci de vous joindre à nous aujourd’hui, monsieur l’ambassadeur Dzielski. Pouvez-vous me parler un peu de vous et me dire quel a été votre parcours jusqu’à votre poste actuel d’ambassadeur de la Pologne?

Ambassadeur Dzielski (Ambassadeur) : Je viens du monde de la société civile et je ne suis donc pas un diplomate de carrière typique à cet égard. J’ai toujours été fasciné par la diplomatie civique, et c’est quelque chose qui m’est resté. Je suis passé à la diplomatie au niveau gouvernemental et j’ai passé par différentes étapes. J’ai été affecté pendant cinq ans à l’ambassade de la Pologne à Washington, D.C. J’ai travaillé pour le ministère des Affaires étrangères, puis je suis passé à la chancellerie du président de la République de Pologne, où j’ai occupé pendant six ans le poste de directeur du Bureau des affaires étrangères. Après cela, j’ai déménagé ici au Canada pour devenir le nouvel ambassadeur de la Pologne.

ACG : Le Canada entretient des relations de longue date avec la Pologne. Quelles valeurs communes voyez-vous entre les deux pays?

Ambassadeur : La Pologne et le Canada partagent de nombreuses valeurs et celles qui sont les plus importantes pour la Pologne sont la liberté, l’indépendance, la souveraineté et le droit des pays à l’autodétermination. Nous tenons à ces principes en raison de notre histoire difficile et, comme de nombreux Canadiens le savent, l’histoire de la Pologne a été assez tumultueuse, remplie de guerres et de combats pour l’indépendance. Par conséquent, la liberté est quelque chose que le peuple polonais chérit, surtout aujourd’hui où nous sommes confrontés à une nouvelle agression russe. En Europe, nous apprécions l’engagement et les principes communs que nous avons avec le Canada.

« La Pologne et le Canada partagent de nombreuses valeurs et celles qui sont les plus importantes pour la Pologne sont la liberté, l’indépendance, la souveraineté et le droit des pays à l’autodétermination ».

ACG : Vous avez mentionné beaucoup de choses importantes et il y a un autre aspect important qui est lié à cette guerre, qui est l’énergie. Quelles sont les sources d’énergie sur lesquelles la Pologne compte?

Ambassadeur : Le bouquet énergétique de la Pologne se diversifie chaque année. Historiquement, après avoir combattu le régime communiste en 1989, nous sommes entrés dans un processus de transformation énergétique très rapide et radical. Au début de ce processus, nous ne comptions que sur le charbon, mais au fil des ans, nous avons fait de notre mieux pour changer cela et passer à des technologies et des sources d’énergie plus modernes. Nous envisageons le nucléaire, nous avons déjà un solide mélange d’énergies renouvelables, principalement éoliennes et solaires, et nous envisageons évidemment le gaz naturel. Nous utilisons beaucoup de gaz et c’est une source d’énergie que nous considérons comme plus importante en Pologne également.

ACG : Comment le gaz naturel a-t-il contribué au bouquet énergétique polonais?

Ambassadeur : La Pologne utilise de plus en plus de gaz naturel chaque année en raison du niveau de développement de notre pays. Selon les estimations, la Pologne utilise environ 18 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an. Un tiers de ce volume est produit en Pologne, un tiers est acheminé par notre terminal de GNL et un tiers provenait auparavant de Russie. Le gouvernement polonais n’achète plus de gaz de la Russie et nous étions préparés à cette décision. La Pologne se prépare depuis des années. Nous sommes en train de construire et d’ouvrir le pipeline Baltic Pipe, qui pompera le gaz de la Norvège vers la Pologne en passant par le Danemark, et cela complètera en quelque sorte le tableau de l’énergie gazière en Pologne, si possible vers la fin de cette année.

Le gaz est important pour l’industrie polonaise, pour les investisseurs qui investissent dans l’industrie polonaise, depuis l’extérieur de la Pologne, et il est essentiel pour les personnes et les ménages en termes de maintien au chaud pendant l’hiver.

« Le gaz est important pour l’industrie polonaise, pour les investisseurs qui investissent dans l’industrie polonaise, depuis l’extérieur de la Pologne, et il est essentiel pour les personnes et les ménages en termes de maintien au chaud pendant l’hiver ».

ACG : Quels sont les objectifs de la politique énergétique et environnementale de la Pologne et comment le gaz naturel s’y intègre-t-il?

Ambassadeur : Le gaz naturel dans le contexte climatique est très important et est absolument essentiel pour la Pologne et la région. Le gouvernement polonais est déterminé à s’éloigner du charbon, ce qui est nécessaire pour plusieurs raisons. Afin d’effectuer la transition de l’énergie produite à partir du charbon, nous avons besoin du gaz, et il est essentiel aujourd’hui. La Pologne utilise environ 18 milliards de mètres cubes de gaz par an, mais cette consommation tend à augmenter chaque année – pour les ménages, mais aussi pour l’industrie.

Les objectifs de la politique environnementale et le gaz sont un sujet absolument essentiel pour la Pologne aujourd’hui… La Pologne est en train de passer de ses centrales au charbon à de nouvelles technologies… Il y a un énorme besoin en Pologne et dans la région d’étendre nos niveaux d’achat de gaz, et pour le Canada, cela pourrait être un sujet très intéressant.

ACG : Vous avez mentionné qu’un tiers de la portion de gaz naturel utilisée en Pologne provenait de la Russie, approvisionnement qui a été coupé, et on parle de sécurité énergétique. Votre gouvernement a-t-il discuté de cette question avec le gouvernement du Canada en raison des événements qui se sont déroulés en Europe?

Ambassadeur : La Pologne travaille en étroite collaboration avec le Canada. Les deux gouvernements ont des conversations sur les sujets liés non seulement à la guerre et à l’horrible invasion russe en Ukraine, mais aussi à l’énergie qui est importante pour notre région. Il est essentiel de faire tout ce que nous pouvons pour couper les revenus que la Russie tire de la vente d’énergie. Beaucoup de travail a été accompli à cet égard. L’Union européenne a introduit plusieurs sanctions qui ont trait à l’énergie. Le Canada a fait beaucoup en décidant de ne plus acheter de pétrole de la Russie et de commencer à fournir des services dans les secteurs du gaz et du pétrole. Ce sont des décisions qui ont été appréciées en Pologne. Il y a donc de nombreuses conversations entre la Pologne et le Canada, et l’énergie est une question qui prend de plus en plus d’importance. C’est une priorité pour moi et mes collègues de l’ambassade. Nous avons des conversations sur la coopération nucléaire, nous avons une conversation sur les énergies renouvelables, et à propos du gaz, nous sommes très heureux de voir qu’il y a un débat interne au Canada. Nous espérons que le Canada, étant une superpuissance dans le domaine des ressources, sera en mesure d’envoyer du gaz en Pologne, et dans la région, afin de soutenir la diversification des sources d’énergie. C’est très important de notre point de vue et nous sommes prêts et serons heureux de soutenir le Canada à cet égard.

« Nous espérons que le Canada, étant une superpuissance dans le domaine des ressources, sera en mesure d’envoyer du gaz en Pologne, et dans la région, afin de soutenir la diversification des sources d’énergie. »

ACG : Quel serait votre principal message aux décideurs canadiens dans leur recherche de moyens de soutenir la sécurité énergétique de l’Europe et plus particulièrement de la Pologne?

Ambassadeur : Mon espoir pour le gouvernement canadien et tous les partenaires canadiens, y compris les entreprises, serait de continuer à faire ce que vous faites et d’en faire plus. La guerre en Ukraine est loin d’être terminée. Les Ukrainiens ont besoin du soutien international, les pays de la région, y compris la Pologne, ont besoin du soutien international, y compris du soutien canadien dans le contexte de l’énergie. Nous devons faire tout ce qui est possible pour diversifier le bouquet énergétique et écarter les Russes des revenus dans le secteur de la vente d’énergie. Donc, ma demande et mon espoir pour le gouvernement canadien est d’envisager et d’ouvrir autant de voies que possible pour la coopération énergétique. Le gaz est une source d’énergie très importante pour notre région et on pourrait encore faire beaucoup plus. Nous avons besoin de voir le gaz canadien circuler dans les gazoducs européens, et c’est la direction dans laquelle j’espère que la conversation évoluera au Canada.