En 2018, vous avez assumé la fonction de directrice générale de Canadian Association of Members of Public Utility Tribunals (CAMPUT). Parlez-moi un peu de votre travail avant CAMPUT.
Toute ma carrière a été consacrée à l’énergie et à la réglementation. J’ai travaillé pour des gouvernements, des compagnies pétrolières et gazières, des services publics et des groupes d’intérêt public. J’ai vraiment vu le secteur sous tous ses angles et il est infiniment fascinant.
Je suis devenue directrice générale de CAMPUT en 2018, mais je n’étais pas nouvelle à CAMPUT. De 2004 à 2014, j’ai travaillé à la Commission de l’énergie de l’Ontario en tant que membre, vice-présidente et présidente-directrice générale par intérim. Pendant cette période, j’ai occupé le poste de présidente de CAMPUT, et je connaissais donc très bien le travail que CAMPUT fait pour promouvoir l’excellence en matière de réglementation. Je suis très heureuse de soutenir cette mission maintenant en tant que directrice générale.
Vous avez une perspective intéressante en représentant les organismes de réglementation provinciaux et territoriaux. Quelle est la seule chose que toutes les régions ont en commun? Et quelle est la plus grande différence?
CAMPUT compte un petit nombre de membres très différents les une des autres, mais tous nos membres sont confrontés à des problèmes liés à la politique en matière de changements climatiques, aux perturbations causées par les nouvelles technologies et à l’évolution des attentes des clients, ainsi qu’à des préoccupations concernant l’accessibilité financière.
Ce qui varie entre les membres de CAMPUT, c’est la façon dont ils répondent à ces questions. Certains membres ont de larges pouvoirs de décision, notamment en matière de fixation des tarifs, de règlementation et d’attribution de licences. D’autres se limitent à faire des recommandations au gouvernement. Les membres varient également beaucoup en termes de ressources disponibles. Certains membres de CAMPUT ont des centaines d’employés, tandis que d’autres n’en ont qu’une poignée. CAMPUT soutient ses membres en partageant les informations, les meilleures pratiques et les ressources.
« Nous constatons une pression à la hausse sur les tarifs de l’électricité en raison du remplacement des infrastructures vieillissantes et de l’ajout de nouvelles infrastructures pour accueillir de nouvelles lignes électriques ».
L’Association canadienne du gaz s’intéresse à la manière dont vous envisagez l’évolution du débat sur le gaz naturel et ce qui se profile à l’horizon pour l’industrie?
La conversation autour du gaz naturel est vraiment intéressante. La déréglementation et la concurrence accrue dans le secteur ont mené à un marché nord-américain intégré qui a bien servi les clients en termes de sécurité et de prix. Cependant, la situation du gaz naturel est en train de changer. Nous évaluons les implications des changements climatiques sur l’avenir de tous les combustibles fossiles.
Le secteur du gaz naturel a réussi à communiquer efficacement sur certaines des questions relatives à la réduction du carbone à grande échelle, en termes de coût et de réduction de la diversité. Nous voyons que le secteur prend le défi au sérieux puisqu’il cherche à réduire les émissions de carbone de ses activités par le biais de technologies comme le gaz naturel renouvelable.
Notre réponse au défi climatique et ses implications à long terme pour le secteur du gaz naturel vont soulever des questions difficiles. En fonction de la politique gouvernementale, les organismes de réglementation devront peut-être trouver de nouveaux moyens de régler des problèmes tels que la dépréciation et le délaissement d’actifs.
Alors que le Canada cherche à atteindre ses objectifs en matière d’énergie abordable et d’environnement, dites-moi comment vos membres trouvent le juste équilibre entre ces différentes priorités en matière de politiques dans leur travail.
L’accessibilité et les changements climatiques sont au centre des préoccupations des consommateurs et des politiciens, mais aussi des organismes de réglementation.
Le calendrier est un défi – pour les clients et les politiciens, le caractère abordable est souvent une préoccupation immédiate – ils se concentrent sur la situation actuelle des prix. Les organismes de réglementation s’efforcent de protéger les intérêts des clients actuels et futurs. Ils veulent favoriser l’efficacité par des mesures incitatives et des évaluations rigoureuses, tout en encourageant des investissements appropriés pour l’avenir.
Nous constatons une pression à la hausse sur les tarifs de l’électricité en raison du remplacement des infrastructures vieillissantes et de l’ajout de nouvelles infrastructures pour accueillir de nouvelles lignes électriques. Nous voyons également le potentiel des nouvelles technologies pour changer fondamentalement la structure du secteur. Chaque organisme de réglementation aborde ces questions dans le contexte de sa compétence. Deux de ces organismes, l’Alberta Utilities Commission et la Commission de l’énergie de l’Ontario, examinent les implications de l’évolution du secteur sur la réglementation dans les services publics. Ces processus peuvent faire émerger les meilleures idées et mieux documenter l’analyse précédant la prise de décision.
La réglementation de l’énergie joue un rôle fondamental, mais souvent « invisible », au Canada. Devons-nous faire davantage pour améliorer la visibilité des questions de réglementation énergétique et, dans l’affirmative, avez-vous des domaines d’intérêt prioritaires?
Nous en discutons souvent entre les membres. Les organismes de réglementation devraient-ils être plus « visibles »?
Les organismes de réglementation ne veulent pas être connues de tous, mais ils doivent conserver la réputation d’organismes qui prennent des décisions réfléchies, qui ont en place des processus ouverts et transparents et qui font participer efficacement les parties prenantes. Les organismes de réglementation veulent être des institutions de confiance à long terme, qui fonctionnent indépendamment de la prise de décision politique.
Pour atteindre ce niveau de confiance, les organismes de réglementation s’efforcent de renforcer la confiance dans le processus réglementaire et la prise de décision. CAMPUT et ses membres poursuivent un certain nombre d’initiatives, notamment :
Rédiger les décisions dans un langage simple, dévoiler les décisions de manière à les rendre facilement compréhensibles, à joindre un public plus large et à renforcer l’engagement du public dans le processus réglementaire.
Collaborer avec des universitaires, des groupes de réflexion et d’autres organisations travaillant sur des questions clés. Je pense à l’énergie positive à l’Université d’Ottawa, au dialogue des organismes de réglementation de l’énergie avec le Forum des politiques publiques, au travail de QUEST, etc.
Conserver les caractéristiques d’un bon processus réglementaire – ouverture, transparence, prise de décision fondée sur des preuves – tout en explorant des processus nouveaux et innovants comme les « bacs à sable ».
Dites à nos lecteurs quelque chose à votre sujet qu’ils ne connaissent peut-être pas (p. ex. un hobby, des vacances à venir, un intérêt en dehors de la réglementation énergétique, etc.)?
L’une des meilleures choses que j’ai faites l’année dernière a été de me joindre à un club de lecture. J’ai toujours aimé lire, mais je n’ai jamais fait partie d’un club de lecture. Ce mois-ci, nous lisons The Overstory, de Richard Powers. C’est une histoire fascinante sur les arbres et les gens. Je regarde maintenant les érables dans ma cour d’une toute nouvelle façon. Ce livre a remporté le prix Pulitzer en 2019, et je le recommande vivement.
Cynthia Chaplin est directrice générale de CAMPUT, l’association des régulateurs de l’énergie et des services publics provinciaux, fédéraux et territoriaux du Canada. Elle possède plus de 30 ans d’expérience en tant qu’économiste de l’énergie, consultante et régulatrice au Canada et au Royaume-Uni. Plus récemment, Cynthia a été membre, vice-présidente et présidente-directrice générale (par intérim) de la Commission de l’énergie de l’Ontario (de 2004 à 2014), où elle a présidé des auditions orales complexes et des consultations politiques multipartites. Elle a également occupé des postes de haut niveau chez British Petroleum, Amoco et l’autorité de réglementation du gaz du Royaume-Uni, Ofgas. Cynthia est titulaire d’une licence et d’une maîtrise en économie de l’université de Toronto et du titre ICD.D de l’Institut des administrateurs de sociétés.