Un leader visionnaire pour la sécurité énergétique

Jean-Benoit Trahan, Président, Gazifère

« Nous nous sommes donné pour objectif d’être la première municipalité 100 % verte d’Amérique du Nord » [traduction], explique Jean-Benoit Trahan à propos de l’ambitieuse décision qu’il a prise peu après être devenu président de l’entreprise québécoise de distribution de gaz naturel Gazifère.

À la tête de ce virage, il est tout à fait qualifié. M. Trahan a commencé à travailler à Gazifère il y a neuf ans, fort de près de vingt années d’expérience dans le secteur de l’énergie en tant que consultant et responsable de la réglementation, tant au Canada qu’à l’étranger.

Il a grandi à Montréal, où il a obtenu son premier diplôme universitaire en économie. Il s’est rapidement lancé dans le secteur de l’énergie, puis a obtenu une maîtrise en administration des aªaires de l’Université de Sherbrooke. « Après mon baccalauréat, j’ai fait un stage à la Régie de l’énergie du Québec » [traduction], dit-il. C’était un bon début de carrière pour ce qui a suivi, mais Jean-Benoit voulait acquérir une expérience plus vaste; élargir ses horizons — peut-être à l’échelle internationale.

Il a eu une bonne idée pour réaliser cette aspiration. «  À l’époque, les employés de la Régie de l’énergie du Québec n’étaient pas autorisés à travailler à l’international, explique-t- il. En 2000, j’ai donc décidé de quitter cet organisme et de devenir consultant. Pendant dix ans, j’ai représenté des clients pour la Régie. Cela a répondu à son intérêt pour le marché international et lui a permis d’acquérir une expérience précieuse à ce sujet. J’ai beaucoup travaillé en Afrique, où j’ai été engagé en tant qu’expert — un expert en matière de tarifs dans les pays qui construisaient leurs propres systèmes réglementaires, explique-t-il. Il s’est forgé un palmarès international impressionnant : « J’ai travaillé en Mauritanie, au Mali, au Niger, au Sénégal et au Togo. Nous avons également parrainé des cours en Algérie, au Maroc, au Tchad et au Cameroun » [traduction]. Puis, dit-il, les voyages ont commencé à devenir un peu trop difficiles.

« J’ai donc sauté de l’autre côté et j’y ai travaillé pendant trois ans, puis il y a dix ans, je me suis joint à Gazifère, où je me suis occupé des finances et du budget. Puis, lorsque le secteur de l’énergie a commencé à s’engager dans la transition et les solutions énergétiques, nous avons dû agir rapidement pour assurer la sécurité énergétique, tout en réduisant les émissions. Je suis ensuite devenu directeur général de Gazifère et directeur de la région de l’Est (Ontario) pour Enbridge Gas. Je porte toujours ces deux chapeaux, mais je suis maintenant président de Gazifère. Mon parcours est donc très vaste et diversifié. Je m’occupe également de nos relations publiques, car nous sommes une petite entreprise de services publics » [traduction].

Petite en effet. Gazifère compte 110 employés. Elle est affiliée à Enbridge Gas Distribution de l’Ontario et est une filiale d’Enbridge Inc., un chef de file dans la transmission et la distribution d’énergie en Amérique du Nord et dans le monde. Établie dans la région de l’Outaouais depuis 1959, Gazifère est l’un des deux distributeurs de gaz naturel au Québec. Elle possède et exploite un réseau gazier de 1 000 km qui dessert plus de 43 500 clients résidentiels, commerciaux, institutionnels et industriels. Avec une franchise jusqu’en 2031, Gazifère couvre le territoire entre Fort-Coulonge, Montebello et Grand-Remous. L’entreprise approvisionne actuellement les cinq secteurs de la ville de Gatineau ainsi que la municipalité de Chelsea.

En novembre 2020, le gouvernement du Québec a annoncé son Plan pour une économie verte 2030. Sous la direction de M. Trahan, Gazifère a accueilli ce plan avec enthousiasme, réaffirmant ainsi sa position forte en tant que partenaire pour la sécurité énergétique du Québec. Dans le Plan, le gouvernement reconnaît que l’atteinte des cibles de réduction des gaz à effet de serre nécessitera « une complémentarité optimale entre les réseaux électrique et gazier et le recours à la biénergie, par l’efficacité énergétique ainsi que par l’utilisation du gaz naturel renouvelable et d’autres sources d’énergie renouvelable » [traduction]. Les nouvelles mesures permettront d’alimenter les perspectives les plus prometteuses, dont l’hydrogène vert et le gaz naturel renouvelable (GNR), deux sources déjà au coeur des efforts écologiques de Gazifère. Avec près de 2 % de GNR dans son réseau à l’époque, Gazifère a rapidement suivi l’annonce du gouvernement avec deux de ses propres projets.

Le premier a été entrepris le mois suivant. Gazifère et Evolugen, l’entreprise canadienne d’exploitation d’énergie renouvelable Brookfield, ont annoncé leur collaboration pour faire progresser le développement et l’utilisation de la production d’hydrogène vert dans la région de l’Outaouais. En vertu de cette entente, les deux entreprises mettront en commun leur expertise au cours des prochaines années afin de développer un écosystème énergétique à base d’hydrogène et à faibles émissions au Québec et dans d’autres régions du Canada. Grâce à cette entente, Evolugen et Gazifère cherchent à se tailler une place de choix dans le marché de l’hydrogène vert, qui connaît une croissance rapide.

L’élan s’est poursuivi. Deux mois plus tard, les deux entreprises annonçaient l’un des plus importants projets canadiens d’hydrogène, destiné à être injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel du Québec. Le projet de construction et d’exploitation d’une usine de production d’hydrogène par électrolyse de l’eau d’environ 20 MW dans la région de l’Outaouais est en bonne voie.

L’usine sera construite dans le secteur Masson de la ville de Gatineau, à proximité des installations hydroélectriques d’Evolugen qui alimenteront l’électrolyseur. La capacité estimée est de 425 000 GJ d’hydrogène qui seront injectés dans le réseau de distribution de gaz naturel de Gazifère. Ce projet, le premier du genre au Canada, sera bénéfique à tous : il permettra d’éliminer environ 15 000 tonnes métriques d’émissions de gaz à effets de serre par an tout en générant d’importantes retombées économiques locales, notamment sur les plans des emplois et des recettes fiscales. Il s’agit de la première phase de la création d’un écosystème régional d’économie verte centré sur la production, la distribution et l’utilisation d’hydrogène vert.

Jean-Benoit est enthousiaste quant à l’avancement du projet. « Nous en sommes à la phase d’évaluation technique et venons de déposer notre demande, déclare-t-il. Le projet progresse très bien; il devrait être prêt dans les 24 à 36 prochains mois » [traduction].

Mais il est conscient que des obstacles se dressent devant de tels projets révolutionnaires. « L’hydrogène sera utilisé de différentes manières, explique-t-il. Il peut être injecté dans le réseau, mais d’un autre côté, l’utilisation de l’hydrogène à l’avenir prendra du temps parce que l’équipement n’existe pas encore. Et il y aura une certaine concurrence — une grande partie de l’hydrogène sera utilisée pour le transport routier ou aérien. Nous devrons le compléter par du GNR. Cependant, à l’heure actuelle, ces solutions de rechange sont plus chères que le gaz naturel traditionnel. Or, il est important pour nous que nos clients puissent bénéficier d’un prix abordable » [traduction]. Pour mettre ses clients sur la bonne voie, Gazifère offre des incitatifs financiers pour l’adoption de nouveaux programmes d’efficacité énergétique, comme le passage du mazout au gaz, et l’utilisation d’équipements tels que les thermostats intelligents et les chauffe-eau sans réservoir.

« Il est très important de nous préparer à la transition tout en veillant à ce que nos clients aient accès à une énergie fiable et abordable en tout temps ».

– Jean-Benoit Trahan

Trouver un équilibre entre l’adoption de projets de transition visionnaires et la prise en compte permanente de l’accessibilité financière pour les clients exigera beaucoup de réflexion et d’action novatrices et créatives — exactement le type d’attributs que Jean-Benoit possède à profusion.

Graham Chandler a passé une décennie dans le domaine de la finance d’entreprise et de la gestion du marketing énergétique. En tant qu’écrivain indépendant à temps plein, il s’est spécialisé dans les sujets énergétiques au cours des 20 dernières années.