Au début des années 1960, les agriculteurs de l’Alberta réclamaient à grands cris une option énergétique à moindre coût. Le gaz naturel arrivait par vagues dans les villes et villages de l’Alberta, et même si les pipelines passaient souvent par leurs champs, les agriculteurs étaient laissés pour compte. On considérait qu’il était trop coûteux de desservir des fermes éloignées et qu’il serait plus rentable d’expédier le gaz en Californie.

Les fondateurs de la Meota Gas Cooperative ont donc fait ce que les agriculteurs des Prairies font le mieux : ils ont pris leur avenir en main. Littéralement par leur propre force musculaire, ils ont créé une petite entreprise de distribution de gaz naturel qui appartenait à ses membres et qui était exploitée en collaboration avec eux. L’idée a fleuri et, en 1964, il y avait suffisamment de coopératives de gaz naturel dans le sud-ouest de l’Alberta pour justifier la création d’un organisme-cadre, la Federation of Alberta Gas Co-ops Ltd. pour les représenter auprès des producteurs de gaz, des organismes de réglementation et des gouvernements.

Défenseur des intérêts des consommateurs ruraux

La Fédération a été la première organisation de ce genre au Canada et est maintenant le plus important distributeur de gaz en milieu rural au monde. Depuis près de 60 ans, elle représente les points de vue de ses membres auprès des administrations municipales, provinciale et fédérale, contribuant ainsi à améliorer la vie d’environ 400 000 Albertains vivant en milieu rural grâce à la distribution de gaz naturel.

« La Fédération a été la première organisation de ce genre au Canada et est maintenant le plus important distributeur de gaz en milieu rural au monde ».

À l’heure actuelle, la Fédération dessert 52 coopératives rurales d’approvisionnement en gaz, 16 villes et villages, cinq comtés et sept collectivités des Premières Nations dans l’ensemble de l’Alberta. Il s’agit d’un organisme sans but lucratif, dirigé par un conseil d’administration de huit membres élus par les régions. Avec 100 000 kilomètres de pipelines appartenant à ses membres dans le sol, son rôle de défenseur des intérêts s’est accru pour inclure la prestation de services centralisés tels que la collecte de données, la vérification du fonctionnement et de l’entretien, la présentation de demandes de servitude, la formation, l’inspection des compteurs de stations et la négociation de régimes d’assurance équitables pour les coopératives rurales.

Directeur général, Tom

« La Fédération est un organisme de lobbying auprès du gouvernement, qui veille à ce que nous communiquions et défendions les intérêts de nos membres, à l’échelle provinciale et fédérale  », a déclaré le directeur général Tom Kee. « Nous voulons nous assurer que les commodités et les services ruraux soient les mêmes que ceux des collectivités urbaines, que les tarifs soient concurrentiels, et nous voulons prendre part aux mêmes conversations que les services publics appartenant au secteur privé pour fournir les services ».

Clé du soutien gouvernemental

Kee reconnaît que les coopératives en grande partie gérées par des agriculteurs et la Fédération n’auraient sans doute pas pu prospérer sans l’appui considérable du gouvernement provincial. Le Programme provincial de gazéification en milieu rural de 1973 a appuyé la gazéification des régions rurales de l’Alberta en aidant à couvrir les coûts de construction des réseaux de distribution dans les régions peu peuplées considérées comme non commerciales par les sociétés pipelinières et les grands services publics.

En 2013, la Fédération a pris en charge une grande partie du Programme de gaz rural, y compris le versement de subventions, la prestation de services de servitude pour les coopératives et le contrôle de la qualité des gazoducs qui entrent dans le réseau des coopératives. Bien que chaque service public rural soit autosuffisant en tant qu’entreprise dotée d’un personnel qualifié pour exploiter, entretenir et construire ses réseaux, la Fédération fournit un soutien par l’intermédiaire d’une formation supplémentaire et, de plus en plus, de la technologie. Elle a également mis au point un système d’information géographique (SIG) qui sera relié à tous les systèmes individuels de coopératives.

« Elle est passée d’une organisation-cadre qui aidait les coopératives à obtenir plus d’occasions à un guichet unique en matière de SIG, d’ingénierie, de santé et de sécurité et de mesures », dit M. Kee.

« Nous voulons nous assurer que les commodités et les services ruraux soient les mêmes que ceux des collectivités urbaines, que les tarifs soient concurrentiels, et nous voulons prendre part aux mêmes conversations que les services publics appartenant au secteur privé pour fournir les services   ».

Franchise exclusive

Bien que le nombre d’exploitations agricoles familiales au pays ait diminué au cours des 50 dernières années, il n’y a pas eu de baisse du nombre de membres de la Fédération. Ses coopératives ont le mandat provincial de fournir des services de gaz naturel à de nouvelles entreprises résidentielles, commerciales et industrielles qui entrent en activité à l’intérieur de leurs zones rurales franchisées – ce qui, en Alberta, représente une superficie d’environ 200 000 kilomètres carrés.

Ce vaste secteur de service a mené à un autre service exclusif : la Fédération est l’une des rares organisations au Canada autorisées à se rendre dans les stations de comptage sur le terrain pour recertifier et refermer les correcteurs électroniques en service. « La raison en est que nous avons 700 stations qui sont toutes au milieu de nulle part, donc la possibilité d’éteindre les compteurs pendant quelques mois pour les amener à un magasin n’est pas vraiment faisable, » dit M. Kee.

« La Fédération est l’une des rares organisations au Canada autorisées à se rendre dans les stations de comptage sur le terrain pour recertifier et refermer les correcteurs électroniques en service».

Les défis à relever

Avec les chiffres à l’appui, les coopératives rurales ont lancé leur propre société de courtage, Gas Alberta, pour acheter du gaz naturel et faire concurrence aux autres services publics appartenant au secteur privé. Le conseil d’administration de la coopérative fixe les tarifs du gaz, mais à l’heure actuelle, son plus grand défi consiste à maintenir ses systèmes.

Le vieillissement de l’infrastructure de gaz naturel et l’évolution des régions de production ont entraîné la désaffectation de pipelines de transport jugés non économiques et rendu difficile pour les régions à l’extérieur de nouveaux bassins d’approvisionnement de trouver d’autres sources auxquelles puiser. La production de gaz naturel est également devenue plus concentrée dans le nord-ouest de la province à mesure que les réserves diminuent dans le sud, mais les réseaux correspondants de distribution aux collectivités du nord-est n’ont pas suivi.

Les coûts de construction de nouveaux systèmes peuvent être prohibitifs pour les coopératives appartenant à leurs membres, qui ont généralement des populations clairsemées et petites. « Il s’agit là d’une préoccupation réelle pour nos coopératives d’exploitation du gaz, car parfois, lorsqu’elles doivent déplacer leurs raccordements en même temps que les coûts de modernisation ou de réacheminement des gazoducs, les coûts peuvent se chiffrer en millions », dit M. Kee. « Les collectivités de l’Alberta risquent de perdre leur service de gaz naturel ».

  1. Kee a fait remarquer que le géant des pipelines TransCanada propose de construire de nouvelles lignes de transport, qui devraient être en service vers 2021-2022.

Une vision pour l’avenir

La Fédération continue de croître et d’appuyer ses services publics membres en les représentant auprès des gouvernements, en offrant de nouveaux services et une formation à jour afin que les coopératives puissent demeurer viables dans le marché en évolution de la distribution du gaz naturel. Environ 14 coopératives gazières sont également actionnaires de Corridor Communications Inc, un service Internet sans fil à large bande dans les régions rurales. D’autres se sont étendues au chauffage, à l’installation de fournaises et de réservoirs d’eau chaude sanitaire.

« Les coopératives cherchent toujours à élargir leurs services. Nous n’essayons pas de nous limiter à la distribution de gaz – nous nous penchons sur d’autres questions, comme la façon d’installer des câbles à fibres optiques pendant que nous installons des pipelines », explique M. Kee.

« La Fédération continue de croître et d’appuyer ses services publics membres en les représentant auprès des gouvernements, en offrant de nouveaux services et une formation à jour afin que les coopératives puissent demeurer viables dans le marché en évolution de la distribution du gaz naturel ».

La participation à des comités de l’Association canadienne du gaz a aidé l’organisation à suivre les tendances et à apprendre des autres membres, note-t-il. Au cours de la dernière année, la Fédération s’est engagée davantage auprès de l’ACG afin de s’engager davantage auprès d’autres services publics, ce qui a déjà permis de renforcer la communication avec les autres services publics de l’Alberta.

« C’est ce qu’on veut voir », dit-il. « Nous voulons travailler tous ensemble et c’est là que nous voyons l’avantage de faire partie de l’ACG ».

Dina O’Meara couvre les affaires énergétiques canadiennes depuis près de 20 ans.